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Rien qu'une autre année
Projet Rien qu'une autre année
2018 - 2019

Enregistrement du projet « Rien qu’une autre année » et prestations musicale:

Participation au Festival Les exils de Mahmoud Darwich | Festival pluridisciplinaire du 19 au 23 septembre 2018 à l'Institut du Monde Arabe à l'occasion des dix ans de la disparition du grand poète palestinien Mahmoud Darwich.

Animation de la résidence artistique «Les Résidences de Juin 2019» dans le cadre des ateliers des apprentis CFA; son, lumière et plateau avec le soutien du CFPTS et du CFA-SVA et en partenariat avec la Ville de Bagnolet » du11 au 21 Juin 2019.

Avec Abdeljalil Qadouss à la guitare et au gumbri, Yassine Karoui et Eric Sauviat à la guitare, Youssef Boukella à la basse, Ali Douga à la batterie et Eric Auguste au chant

« Pourquoi la poésie arabe contemporaine ?

Pourquoi Mahmoud Darwich et Badr Châker as-Sayyâb ?

Une des réponses est peut-être dans cette sentence d’un jeune de la cité des 4000 de La Courneuve : « Je ne sers à rien ! » Il a dix-huit ans et déjà le constat est sans appel.

Il sait que les lois du marché, la sacro-sainte compétitivité des entreprises, le réalisme politique aux ordres des banquiers, les médias entre les mains des puissances financières, peuvent se passer de lui. Quant à sa liberté d’expression, elle est comme le droit qu’ont les oiseaux de chanter : Suffit de fermer la fenêtre pour ne plus les entendre.

Darwich.jpg
Mahmoud Darwich
               @onorient
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Badr Châker as-Sayyâb
@lecaravanseraildespoetes

« Interdit de rêver ! » proclament haut et fort les chantres du nouvel ordre mondial. Et c’est bien là le drame lorsqu’on a dix-huit ans. Si tout est joué d’avance, alors que veulent dire des mots comme « Démocratie » ou « Fraternité » ? Que veux dire « être jeune » s’il faut se plier aux règles de la Goldman Sachs et du CAC40 ? Rien ! Sinon un CDI comme seule utopie possible ! Pas de quoi donner un sens à sa vie ! Pas de quoi s’enthousiasmer !

« Interdit de rêver ! » proclament haut et fort les chantres du nouvel ordre mondial. Et c’est bien là le drame lorsqu’on a dix-huit ans. Si tout est joué d’avance, alors que veulent dire des mots comme « Démocratie » ou « Fraternité » ? Que veux dire « être jeune » s’il faut se plier aux règles de la Goldman Sachs et du CAC40 ? Rien ! Sinon un CDI comme seule utopie possible ! Pas de quoi donner un sens à sa vie ! Pas de quoi s’enthousiasmer !

Pourtant, nulle raison de tomber dans un défaitisme béatifiant. Les esclaves Noirs qui créèrent le blues, Picasso peignant « Guernica », Rimbaud s’érigeant contre le vieux monde de Papa, le Rock dénonçant le racisme, les Rappeurs appelant à la remise en marche de l’ascenseur social, la peur qu’inspira Lorca aux fascistes, Qabbani s’en prenant aux obscurantistes de tous poils, tout cela est inhérent à l’humain. Il ne peut s’empêcher de l’ouvrir et de résister. Et c’est bien dans ce domaine qu’excelle la poésie arabe contemporaine.

« Révolte, déracinement, exil, identité, amour…, la poésie arabe contemporaine est une parole de notre temps. Nourrie hier du feu des luttes d’indépendance, assumant aujourd’hui l’aventure de la modernité, elle donne vie et chair au désir de liberté de toute jeunesse » (Farouk Mardam-Bey). Rajoutons à ces propos ce que disait Mahmoud Darwich : « Quand je pense à ceux qui dénigrent la Poésie Politique, je sais qu’il y a pire que cette dernière : l’excès de mépris du politique, la surdité aux questions posées par la réalité et l’Histoire, et le refus de participer à l’entreprise d’espoir. »On ne saurait être plus clair. Les poètes ne peuvent vivre hors du monde. Bien au contraire ! Le « pêcheur triste qui rassemble ses filets », la femme niée et humiliée, le Yéménite qui prend des bombes sur la gueule, la faim en Irak, les ventes d’armes aux pires dictatures, c’est le credo incontournable des poètes.

Clip Officiel

Et puis il y a la beauté pour mieux souligner la fragilité des corps. Quel meilleur emblème, sur un drapeau, que l’œil de la plume du paon ? Quel meilleur hymne national que la « Description des fleurs d’amandier » de Mahmoud Darwich ? La beauté, et le parfait altruisme de Badr Châker as-Sayyâb qui n’écrit pas une seule lettre d’amour sans avoir une pensée pour le paysan dont les petits ont faim ou pour les exilés qui se noyaient déjà dans le Golfe de l’Euphrate. « Et le Golfe, puisant dans ses dons innombrables, éparpille sur le sable une écume saumâtre et des écailles avec des ossements, tout ce qui reste d’un noyé misérable, d’un de ces exilés repus de mort depuis l’abîme, au fond du Golfe… » Sans parler du Sayyâb visionnaire qui mettait en garde son peuple : « Craignez la vipère qui se glisserait sur la terre fraîche d’Irak ! » Inutile de dire que la vipère s’y est glissée depuis que les

« va t’en guerre menteurs » s’en sont mêlés. La Démocratie estampillée « made in Occident » et exportée comme seule modèle. Quelle connerie ! Et quelle honte sanglante !

Le Testament d'un agonisant - Erick Auguste

Le Testament d'un agonisant - Erick Auguste

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En donnant à entendre la poésie de Mahmoud Darwich et de Badr Châker as-Sayyâb, nous voulons finalement participer (un tout petit peu et à notre niveau) à cette entreprise d’espoir. Certes ! La poésie ne peut pas tout ! Mais gageons qu’elle peut être l’épine dans le pied des marchands du désespoir et du fait accompli. « Lorsque j’ai chanté en prison ma nostalgie du café et du pain de ma mère, je n’aspirais pas à dépasser les frontières de mon espace familial. Et lorsque j’ai chanté mon exil, les misères de l’existence et ma soif de liberté, je ne voulais pas faire de la Poésie de Résistance et je ne pouvais imaginer que les lecteurs trouveraient chez moi un palliatif poétique démesuré pour continuer à espérer… » (Mahmoud Darwich)

Pour toi, jeune homme de La Courneuve ! Pour toi, jeune femme des quartiers nord de Marseille ! Les mots de ces deux poètes pour peut-être…qui sait !...pour peut-être… »

                                                                                                                                 Erick Auguste

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